mercredi 28 novembre 2018

Pour tous c'est pareil


Parmi mes collègues de bureau, il y avait une dame qui venait travailler à mi-temps et, en fin de journée nous faisions la fermeture ; ce qui nous permettait de se parler. 
Tous l’appelaient Mme Paniès ; je n’ai jamais su son prénom. C’était une dame « nature » qui n’avait pas peur de dire la vérité à qui que ce soit. Une « Pied-noir » avec l’accent de là-bas (Je vous rappelle que c’était il y a 40 ans !) D’ailleurs, bien souvent, elle avait raison. Elle avait cinquante-six ans et attendait la retraite pour ‘souffler’ un peu et un ami pour ‘recommencer à vivre’ car son mari était parti pour une plus jeune. Oh, le feu de paille éteint, il était revenu avec des excuses et des promesses mais l’autre feu avait aussi d’autres projets ; c’était trop tard ! 

Or, un jour, un des grands chefs m’avait fait appeler dans son bureau. Il m’avait prié de m’asseoir, proposé un café, le tout avec gentillesse et cordialité. Nous avions parlé de tout et de rien et avions discuté une bonne demi-heure.
Puis, quand je revins auprès de Mme Paniès, je lui racontai l’amabilité de ce chef envers moi. Moi qui venais d’arriver, jeune et inexpérimenté et qu’il m’avait fait miroiter de belles choses pour mon avenir dans la société. Etc. 

Mme Paniez était en train de classer des factures. Elle s’arrêta et me dit : « Vittorio, gentil n’a qu’un œil et lui, il en a deux ! Il t’a appelé pour te cuisiner. Et toi, tu as palé. Il veut savoir s’il peut compter sur toi quand le directeur partira. Il convoite sa place, c’est tout. Mais, il ne l’aura pas : plus haut, « ils » préfèrent les tenir tous dans le troupeau. » 
Effectivement, le directeur fut remplacé. Il y eut une courte bataille des chefs mais, « Paris » trancha. Le nouveau directeur venait d’une autre agence. 

Mme Paniès avait eu raison sur toute la ligne mais, le plus important, c’est ce mot qu’elle m’a laissé en cadeau et qui me sert encore quarante ans après : « Gentil n’a qu’un œil et lui, il en a deux ! » 
A chaque fois qu’on me fait une gentillesse gratuite, je me demande toujours : « Pourquoi il a fermé un œil là-dessus ? » 

Comme convenu avec mes amis, voici leurs blogs : avidoxe, Ateliers d'écritureS, Dan et Dina, Dina de Dan,  Ecrire Pastel, Éric Valloni, gravillons, polarsensudalsace et VittorioDenim Bonne lecture et, partagez, faites-vous plaisir. Ils vous feront la causette si vous savez penser par vous-même. Un petit clic sur le lien et vous êtes reliés. Bonne lecture.

mercredi 21 novembre 2018

Dans le fond, l'important


Un samedi, tous les résidents étaient soit partis dans leur famille soit ils travaillaient. Je me retrouvais seul ; cela arrivait de temps en temps. 

J’avais pris mon repas à la cantine et, comme le bar était fermé, j’étais remonté dans ma chambre avec l’intention de terminer le troisième tome des « Souvenirs d’Enfance » de Marcel Pagnol. Je pris le livre mais n’eus pas le temps de m’asseoir ; on frappa à ma porte. 

C’était mon ami Matheus qui venait m’inviter à une après-midi spéléologique. 
Évidemment, j’acceptai. D’autant qu’ils m’avaient préparé tout le matériel nécessaire, de la paire de chaussures avec le bout renforcé à la lampe frontale et, pour protéger mes habits, ils avaient prévu un bleu de travail qui était à ma taille. 

Nous voilà partis.
La zone à explorer se trouvait du côté de Colias, rive gauche du Gardon et la première grotte était visible du parking. 

Nous commençâmes par celle-ci tout en se doutant qu’il n’y avait rien. Elle était trop visible et trop facile d’accès. Les touristes avaient dû l’utiliser pour s’abriter lors d’une pluie inopinée ou pour d’autres motifs car nous y retrouvâmes des os de poulet (récent) et quelque papier gras.
Sans redescendre, nous continuâmes notre expédition à travers la garrigue et les branchages qui, au bout d’un moment, laissèrent apparaitre une autre grotte.
Elle était bien peu profonde et sans grand intérêt. Les touristes n’y étaient pas venus et était vide de tout objet contemporain. Nous continuâmes notre progression. 

Enfin, à force de nous frayer un chemin à travers les arbustes, de descendre et de remonter, de tâtonner aussi, nous arrivâmes à une troisième grotte qui nous sembla prometteuse. Elle était profonde et difficile d’accès et, même si cachée par la futaie, elle avait dû servir, un jour, pour s’abriter longuement ; il y avait un léger muret à l’entrée de la grotte. (Pour se protéger des bêtes sauvages ?...) Elle sembla une bonne trouvaille aux « spéléos »  amateurs que nous étions ! 

Nous commençâmes la visite. 
Le moindre recoin fut inspecté trois fois (puisque nous étions 3). 
Arrivé au bout, nous n’avions rien trouvé, ni de dessin sur les murs, ni la terre bougée, ni de trace humaine quelconque, reste d’un feu ou os d’animaux, rien ! Nous remontâmes vers la sortie en passant du côté opposé afin d’en observer la paroi de plus près. Rien. Se pouvait-il que cette grotte ait été ignorée même par les vrais spéléologues ? Etions-nous les « découvreurs » d’une nouvelle grotte ? 

Evidemment, non ! Et, c’est en passant près du muret, somme toute assez récent, que nous remarquâmes un crayon. Qui dit crayon, dit plus spéléologue que touriste. Des professionnels étaient donc passés avant nous et c’était pour cela que le sol était aussi bien tassé. Il avait déjà été travaillé puis, remis en état. 

Je ne peux pas dire que notre « après-midi spéléo » fut un échec. Bien sûr, dans les grottes, nous n’avions rien découvert. Mais, nous avions marché, grimpé, respiré le bon air, eu de belles sensations, bien ri et fait quelque chose entre amis.

L’amitié est un trésor. Quelle personne sensée n’est voudrait pas ! Et il me reste encore aujourd’hui de bons et beaux souvenirs. 

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mercredi 14 novembre 2018

Pour une poignée de Francs


Je n’avais encore jamais vu une « course camarguaise » c’est-à-dire ces vachettes noires avec des « cocardes » sur les cornes qui poursuivent les « raseteurs » et, ceux-ci doivent essayer de prendre les cocardes.
A cette époque, le « raset » gagnant était à 10 Francs offerts par le journal local (Le Midi Libre) ou tel autre entreprise qui voulait se faire un peu de publicité à moindre coût. 

Bref ! J'arrivai donc, avec mes amis, aux arènes d’un village proche de Nîmes. Nous prîmes place et regardâmes ce que faisaient les raseteurs « locaux ». Apparemment, ce n’était pas trop difficile. Il fallait passer à côté de la vachette (assez hargneuse, tout de même !), de décrocher un bout de ficelle de sa corne et de la ramener à un monsieur qui, dans son micro, commentait l’évènement. 

Je ne serais pas descendu ; ce n’est pas dans ma nature de me mettre en danger… pour 10 Francs ! Mais, un de mes amis, qui était du pays, me lança un défi : « Moi, j’y vais. Et toi, t’as les c… de venir ? » (lire le mot "c..." en catalan) 

J’avais surtout 20 ans ! 
Je descendis avec lui. Et la vachette nous repéra tout de suite. Je n’étais pas fier. Elle se lança vers nous. Je ne savais que faire. Mon ami prit peur et s’enfuit. La noiraude passa près de moi. Instinctivement, je l’évitai de justesse mais, probablement, parce que je ne l’intéressai pas. Elle suivait une proie mouvante (un ennemi, un agresseur) : mon ami. Elle le rattrapa, lui mit une corne dans le short et lança mon ami en l’air de sorte qu’il retomba sans son short. Ensuite, elle partit vers d’autres raseteurs et mon ami put regagner les gradins… en slip ! 

De mon côté, la vachette me passa si près qu’en l’évitant, ma main avait frôlé sa corne et un bracelet de ficelle était resté dans mes doigts. Une cocarde ! Je me dépêchai d’aller la rapporter à l’homme au micro qui annonça le lot. 
J’avais gagné 10 Francs !
Je retournai à ma place, félicité par le groupe, sans trop m’afficher, me gardant aussi de dire que je ne l’avais pas fait exprès. (Depuis, il y a prescription !) 

Aujourd’hui, il parait que seuls les raseteurs professionnels, habillés en blanc, peuvent participer. Tant mieux. Ce jour-là, mon ami et moi, nous avons eu de la chance. Beaucoup de chance ! Mais, c’est aussi une autre liberté qui nous est enlevée. 

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mercredi 7 novembre 2018

Marche tout droit


Ce n’était pas un jour comme les autres. Nous avions décidé de prendre notre repas à la cantine du foyer et d’aller au cinéma après. Nous avions le temps de le faire. 

Cependant, en sortant du boulot, j’avais rencontré un ami qui m’avait invité à boire un verre dans le café tout proche. Naturellement, j’avais « remis ça » comme il se doit. Le patron, voyant deux amis se retrouver avait jugé bon d’y ajouter ‘sa’ tournée. 

Jusque-là, ça allait bien. Seulement, voilà, mon chef qui débarqua dans le même café avec deux des vendeurs ! Ils reconnurent mon ami (qui avait travaillé avec nous) et chacun y alla de ‘sa’ tournée. Je refusai mais, peut-on refuser une tournée à son chef ! Et chaque vendeur y alla de sa tournée, etc...

En bref, je rentrai vers 20 heures. J’étais en retard. Les autres étaient déjà à table et moi, je devais traverser toute la salle cafétéria pour aller jusqu’aux plateaux. Et j’étais, disons, chancelant. Il fallait pourtant que je mange pour atténuer l’alcool ! Que faire ? 

Puisque j’étais en retard, je devais faire vite. 
Je rentrai et courais vers les plateaux. Moins il y avait de pas, plus j’allais vite et moins je risquai de chanceler. 
Je m’accrochai au plateau. Je pris du pain et les plats et, sans réfléchir m’arrêtai sur la première table, la plus proche. 
Ce n’était pas ma table habituelle mais, je ne pouvais pas risquer d’aller trop loin sans faire tomber le plateau. 

Vingt minutes pour manger, les yeux dans le plateau et sans dire un mot me furent bénéfiques. 
Grâce au repas, et au pain, un peu de ma ‘griserie’ passa. A la fin du repas, je pus ramener le plateau tranquillement et me joindre aux amis pour aller au cinéma. 

Ils n’avaient rien remarqué. Ouf ! 
Juste que pendant le film, je m’endormis. C’était « La Chèvre » avec Pierre Richard et Gérard Depardieu. Je me réveillai au moment où Pignon s’enfonçait dans le seul trou de sables mouvants d’un désert en dur. 

Depuis, j’ai revu le film plusieurs fois… et je me suis mis à l’eau.   
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