Mon travail se terminait à 17 heures. L’été les
journées sont plus longues en été et je profitai des deux heures et demie qui nous
séparaient du repas du soir pour aller en ville faire quelques achats, pour
aller me promener ou pour me faire plaisir d’une glace ou une boisson fraiche à
la terrasse d’un café.
Ce jour-là, je rentrai sans passer par la ville,
directement.
Dans le hall de l’immeuble, je vis Kaitlin qui était pensive. Je
n’aime pas voir mes amis tristes ! Je m’en inquiétai. Elle me
répondit : « On m’a fait une cadeau : deux places pour Carmen de
Bizet ce soir à l’arène et mon copine Joan est partie. » (Fautes
d’orthographe faites intentionnellement car Kaitlin parlait à peu près comme
cela : comme une anglaise venue en France pour parfaire son français !)
Je lui répondis : « Et c’est pour ça que tu es triste ?
Mais, moi, si on m’avait offert une place pour aller voir un opéra, je serais
content ! » Elle me dit alors, en retrouvant son sourire :
« Alors, tu accompagnes moi ce soir ? Vraiment ? ». « Ce
sera avec plaisir, » lui répondis-je. Et je vous assure qu’à ce moment-là,
je ne mentais pas.
Toutefois, je n’avais jamais vu d’opéra, hormis
quelque extrait à la télé, et j’en avais une mauvaise opinion. J’avoue que le
destin m’avait un peu forcé la main. Je n’allais quand même pas laisser une
amie dans la tristesse ! Surtout une amie aussi jolie !
Le repas fut pris rapidement afin de nous laisser le
temps de se préparer et d’aller, à l’heure, aux arènes de Nîmes. Trois mois que
j’habitais « Nîmes la Romaine » et je n’étais jamais entré aux
arènes. Il faut dire qu’entre mon travail et le sommeil, il y avait la mer de la
Grande-Motte et la rivière du lieu-dit « la Baume ». Il restait donc peu
de temps pour autre chose !
Ce fut une révélation. Nous avions les places les
moins chères donc, apparemment, les plus mauvaises ! Mais, pour moi,
c’étaient les meilleurs.
De tout en haut des gradins, décentrés, je pouvais
voir tout ce qui se passait devant la scène, le spectacle, et derrière la
scène, le va et viens des acteurs, des hommes qui préparaient les chevaux, des
femmes qui s’affairaient avec les costumes, les acteurs qui attendaient pour
rentrer en scène, etc. Le monde du spectacle était là, devant moi. Car, vous
qui avez vu un spectacle, si vous n’avez pas fait partie de ce qui se passe
dans les coulisses, vous n’avez vu qu’une partie d’une certaine histoire, vous
n’avez vu qu’une histoire aseptisée à force d’être répétée. Vous êtes passés à
côté des émotions, les vraies, celles des acteurs, des machinistes, des
maquilleuses, des costumières, etc. Je prenais plaisir à voir la vie avec ses
rires et son stress.
Et j’en oubliai (presque) mon amie. Évidemment, je
partageais mes émotions avec elle et je crois que cela lui plut de voir un
spectacle 'enrichi' car elle avait applaudi longuement.
Et puis, ce fut la fin.
La représentation terminée, nous
quittâmes ce lieu magique avec des sensations nouvelles. Tout en suivant la
longue file de spectateurs qui, comme nous étaient encore captivés par le
spectacle, nous descendions les marches des différents étages quand il y eut
une panne d’électricité qui surpris tout le monde. Dans le noir, Kaitlin rata une marche et s’accrocha à
moi. Un certain temps se passa. La lumière se fit à nouveau. Nous n’avions pas
bougé. C’est difficile de marcher quand on s’embrasse !
Georges Bizet (1838/1875) n’avait pas dû s’en douter la
première fois (1875) où son opéra en 4 actes « Carmen » fut jouée (Ecrit
d’après une nouvelle de Prosper Mérimée, 1803/1870) mais c’était assurément une
grande histoire d’amour...
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