mercredi 13 juin 2018

L'influence d'un poète


Voilà quelques semaines que je vous raconte ma vie à Nîmes, entre la mer et la rivière le Gardon. Mais, je vais devoir faire un retour en arrière car sur Facebook un ami a demandé à toutes ses connaissances de raconter comment ils (ou elles) ont connu Georges Chelon. Et, ma rencontre avec ce poète-chanteur est tout de même assez intéressante. Lui-même, il ne s’en doute pas et, probablement, il ne le saura jamais. (A moins que ne lise ce post, évidemment ! Ce qui n’est pas certain du tout. )

A cette époque, avril 1977, j’habitai la Région Alsace. Je n’étais ni heureux, ni malheureux, avant, je vivais, sans plus. J’avais une amie qui avait plus d’études et d’expériences que moi et, en moins de deux ans, m’avait éveillé à tout. Elle m’avait montré qu’on peut travailler, évoluer, faire, rire, se divertir, se cultiver et même s’aimer. Un jour, pourtant, elle laissa tout, boulot, parents, logement et moi pour aller vivre dans le midi. 

Pour moi, ce fut un coup dur mais, je ne le réalisai pas tout de suite car j’avais eu un autre coup encore plus dur en même temps ; j’avais perdu ma mère et perdre sa mère à 20 ans rend tout le reste anodin, futile, insignifiant. D’autant que je m’étais retrouvé tout seul dans un appartement qui, lui aussi, me sembla vide et inutile… comme tout le reste, d’ailleurs. 

J’étais donc en dépression. Mais, à l’époque, ce mot n’existait pas vraiment. On se relevait et on continuait. Pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Soit on fait, soit on en meurt. Et j’avais 20 ans, ni 15 ni 40. Je croyais que je vivais. 

Or, un jour, cette amie m’écrivit (à l’époque, c’était par la poste que se passait la correspondance) pour lui trouver le double vinyle de Georges Chelon « Je Me Souviens » ; elle avait fait tous les disquaires de Marseille à Toulon sans succès. Je lui répondis, présomptueusement : " Je le ferais !" et je me mis en quête de ce chanteur que je ne connaissais pas. 
Alors que je connaissais Marie Laforêt et il était sur une photo, guitare en main, avec ma chanteuse préférée du moment dont les yeux et la voix me faisaient... Bref !
Je le trouvai par hasard chez un disquaire indépendant qui était, à cause des grandes enseignes, proche de la fermeture définitive. Il n’en avait plus qu’un ! Il me proposa de l’écouter avant de l’acheter… et ce fut là une rencontre qui changea ma vie. 
 
Ce cher Monsieur Chelon avait écrit des textes que je ressentais « miens » : le Grand Dadais (c’était moi !), Sampa, Crève Misère, Je Me Souviens, Morte-Saison, Prête-Moi Tes Yeux, Père Prodigue, etc. des chansons que j’aurais aimé écrire… (Oui, car à l’époque j’écrivais des chansons !) 

Là-dessus, je décidai d’apporter moi-même le disque à mon amie. Je la retrouvai alors que j’étais en état de besoin, de tous les besoins. 
Ce qui contribua au changement, ce fut aussi ce que je trouvai ou retrouvai avec elle : les deux papillons de nuit pleins de délicatesse de la chanson « Soleil de Minuit » ou le nid d’amour (en mauvais état, de la rue Paradis, près du Vieux Port, à Marseille) de la chanson « Rue des Carrières » etc. et la mer et le soleil et une autre vie que je n’aurais jamais eue en restant ce « pas grand-chose qui n’avait (plus) de soucis qu’à s’occuper de lui » ! 

Je sautai le pas. Trois mois plus tard je partis pour le midi, une valise en carton à demi-remplie. Je m’installai à Nîmes car mon travail se trouvait là-bas. Et commencèrent pour moi les « vacances » que vous avez pu lire dans les post précédents. 

Donc, cher Monsieur Georges Chelon, sachez que maintenant, mes chansons, je me les fais avec mon vécu et d’ailleurs, je ne fais presque plus de chansons puisque je me suis tourné vers le polar.
Non, sérieux, je suis bien content que cette amie, involontairement, m’ait permis d’écouter du Georges Chelon il y a quarante ans. Il est génial et inépuisable. Ses mots me touchent encore ! 

En changeant de ville et de région, je changeai de vie. Voilà pourquoi en juillet 1977 je m'installai à Nîmes et je le dis encore : « Avant, j’avais tort de croire que je vivais ». 
Merci Georges. De ma terre, depuis, il est sorti plusieurs choses de bon. 

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